lundi 2 avril 2012

Baby talk, baby plans

Je discutais avec une de mes amies l'autre jour, dans un café parisien rue des Pyramides, à propos de notre perception des enfants (de NOS futurs enfants, oserais-je dire). Mon amie Amélie est casée depuis bientôt sept ans avec son copain et ils ont surmonté ensemble des épreuves comme la séparation géographique, la fin des études, la recherche d'un emploi. Après avoir emménagé dans le même appartement, il est tout naturel qu'ils en viennent à parler de nouveaux projets d'avenir. Et si le sujet du mariage est quelque chose qu'elle envisage avec sérénité et évidence, elle m'a semblé un peu moins sûre concernant les enfants.
"Je ne connais rien aux enfants! Je ne sais même pas à quel âge ils sont sensés savoir marcher ou parler" m'a-t-elle dit en reposant sa tasse de thé sur la table.
"Et moi, j'ai l'impression que les enfants ne m'aiment pas. Je ne sais jamais comment agir avec eux, ils m'impressionnent, ils me tétanisent même!" lui ai-je répondu.
Tout en nous rassurant mutuellement sur le fait que ni elle ni moi ne nous sentions douées du fameux instinct maternel, elle a rajouté quelque chose qui m'a interpellé. Sa plus grande peur, m'a-t-elle dit, c'est de se lasser de ses enfant au bout de quelques années et de se sentir prisonnière d'obligations familiales sans pouvoir retrouver sa vie de femme. En y réfléchissant intérieurement, j'ai réalisé que mon inquiétude concernant mes futurs potentiels enfants porte plutôt sur le fait de rater leur éducation et de ne pas savoir poser les bonnes limites, ni trop laxistes ni trop sévères. Par exemple, saurai-je interdire à ma fille de se maquiller pendant son adolescence sans qu'elle finisse par me détester? Saurai-je attendre le moment propice pour acheter un téléphone portable à mon fils? Comment gérer les comptes Facebook, les premières relations amoureuses? Et puis surtout, comment supporter les conflits avec mes enfants, le jugement qu'ils porteront sur moi, alors que j'ai déjà du mal avec le jugement des inconnus dans la rue?


Il y a deux ans, vous m'auriez demandé si je voulais des enfants, je vous aurais répondu "Hors de question! Les enfants, ça encombre, ça fatigue, ça bouffe ta vie. Et personnellement je veux garder ma vie comme elle l'est actuellement". A posteriori, je me rends compte que cette décision me simplifiait les choses, réduisant mes attentes au simple fait de trouver un homme bien à aimer (et c'est déjà assez difficile comme ça!). Mais un jour, ne me demandez pas pourquoi ce jour-là en particulier, j'ai changé d'avis, et j'ai finalement inclus les projets d'enfant dans mon "plan d'avenir". Et depuis, je suis comme toutes ces jeunes femmes qui se posent des questions à n'en plus finir sur leur future progéniture.
A 26 ans, célibataire, avec un CDI en poche et une vie sociale bien remplie, comment se fait-il que nous soyons déjà tyrannisées par des enfants imaginaires, qui n'ont même pas encore de père potentiel attitré ?

Quand je suis arrivée le lendemain au boulot, mes deux collègues étaient, elles aussi, en train de discuter bébé. "Le bébé de ma soeur qui vient d'accoucher…", "le syndrome du bébé secoué, ça engendre toujours beaucoup de décès…" (oui, je précise que je travaille dans une agence de communication médicale et santé), "une fois, lors d'un baby sitting, le gamin m'en a fait voir de toutes les couleurs". Je leur ai fait part de mes doutes concernant ma capacité à être une bonne mère, le moment venu, et leur ai demandé si elles ressentaient la même chose. La plus jeune, Valentine, a évoqué l'amour fou qu'elle porte à son petit neveu de trois ans, et a exprimé sa peur de ne pas savoir aimer le bébé qu'attend sa soeur. Comme si elle pensait que l'amour envers les enfants était indivisible et unique. Là encore, c'est une question que je ne m'étais jamais posée avant, mais j'ose espérer que quand un bébé grandit en vous et sort de votre ventre pour devenir votre enfant, l'amour que vous lui portez ne connaît aucune condition.

Après tous ces échanges avec mes copines, j'ai ri intérieurement et je me suis dit que finalement, plus on vieillit, plus les enfants deviennent récurrents dans nos conversations de tous les jours. Même s'ils ne sont pas encore nés et qu'on ne les envisage pas avant des années! Et j'ai pensé que je n'avais pas à m'en faire : d'ici le jour où je tomberai enceinte pour la première fois, j'aurais bien eu le temps de me faire mon propre avis dessus. Du moins, je l'espère !

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